top of page

Récit d'une retraite solitaire

Dernière mise à jour : 22 sept. 2021

La Fracture


Fracture : Ce mot me suit depuis quasiment deux semaines. Quand l’image de mon orteil cassé m’est apparu à l’écran.

Mais depuis je me rends compte qu’il est plus qu’un mot, il est tout un symbole, plus…un chemin, le point de départ d’une quête.

Quand la banquise se fracture dans mon livre et qu’isolée de l’autre côté du village, de la famille, de la zone de confort, il ne reste plus qu’à marcher vers soi. A la découverte de ses potentiels.

Quand mon os se fracture et que la douleur est si vive que chaque pas doit être apprécié, en conscience. Que la plante du pied devient si sensible que telle la princesse au petit pois, le moindre petit caillou empêche le bien être.

Quand les relations se fracturent et que tu vois s’éloigner des âmes qui faisaient tellement partie de ta vie hier, mais qui en disparaissant te laissent pourtant de merveilleux cadeaux:

Des souvenirs sensitifs de moments de vie partagés, des empreintes de bonheur et d’amour mais aussi de l’espace. La place pour d’autres âmes d’emplir ta vie, ton cœur d’une nouvelle tendresse et de nouvelles expériences.

Il est des fractures involontaires, qui nous enseignent à partir, à avancer en conscience, à ralentir ou encore à lâcher-prise. Mais il est aussi des fractures que l’on décide, comme une retraite en forêt, loin de son confort, de ceux que l’on aime. Une rupture volontaire, loin aussi du bruit des moteurs, du béton ou de la brique et surtout loin du temps derrière lequel on court.


A la place, dans cet interstice, il y a le chant du vent, le soleil que l’on se met à questionner sur sa venue timide, les odeurs mêlées de pin, de la terre et de l’orage et il y a surtout le manque de repère.

Celui qui nous teste: cela fait- il une heure que je suis là? Peut-être deux ou trois…Qu’y a-t-il derrière cet arbre ou à dix mètres?

Et là, on se rend compte que ceux qui savent sont ceux qui l’occupent, cet espace hors du commun…L’oiseau qui me regarde, il semble m’observer une demi seconde, bienveillant, avant de rejoindre les autres…ceux qui savent.

Les chèvres qui arpentent chaque rocher tel un compagnon de jeu, même les arbres paraissent les cousins d’une même famille qui m’accueille sans que j’aie besoin d’exprimer pourquoi je suis là, car ils savent eux…la fracture.

J’ai l’impression de vivre comme une sauvage . Il n’y a pas grand chose dans mon garde-manger, je l’ai fait exprès: provoquer la faim, dialoguer avec mon corps. C’est ce que je recherche.

Mais là, au milie